Des études sur le sujet… et des questions
Quel est l’impact de l’implantation de ces campus en milieu urbain?
Est-il possible d’investir ces zones en cours de requalification pour inventer, avec les acteurs locaux, les modalités d’un vivre-ensemble inclusif?
Que peut-on apprendre du cas montréalais, le futur Campus MIL?
Ce sont ces questions qui se trouvent à l’origine du projet « Du terrain vague au campus urbain intégré » (2015-2016). Les développements actuels des connaissances fournissent des éléments de réponse pertinents aux préoccupations énoncées. On peut les regrouper selon les angles d’approches disciplinaires et les thématiques associées :
– En sociologie et en sciences sociales : savoirs en réseaux et économie de l’immatériel, (Castells, 1998 ; Ingallina P. (dir.) 2012) d’un côté ; place accordée à la co-production de connaissances (Monceau, 2012 ; Tillard, 2010 ; Équipe Praxcit, 2011), de l’autre.
– En études urbaines et d’architecture, les recherches se concentrent davantage sur les effets et les limites de la gentrification (Hamnett, 1991 ; Donzelot, 2004 ; Bourdin, 2008 ; Charmes, 2011 ; Harvey, 2011 ; Minnaërt, 2014), le devenir des villes (Lemire, 2007 ; Ascher, 2010 ; Paquot et Younès, 2012 ; Théatrum Mundi (coll.), 2014 ; Le Monde, 2015, dossier spécial), leur redéploiement à l’ère du « design thinking » et de l’innovation ouverte (Brown, 2009 ; Chesbrought, 2011 ; Almirall, Lee et Wareham, 2012).
– Certaines études interdisciplinaires recoupent ces différentes préoccupations et interrogent aussi la place et le pouvoir des acteurs dans les transformations urbaines (Von Hippel, 2005 ; Lemoine et Samira, 2010 ; Paddison et Ostendorf, 2011 ; Darre, 2011). Les méthodes de recherche dans l’espace urbain sont également bien documentées (Grosjean et Thibaud, 2008), jusque dans leurs dimensions phénoménologiques et créatives avec notamment l’entretien marché (Kusenbach, 2003) ou la géo-poétique (Bouvet et Bordeleau, 2012).
Or, dans ce contexte théorique général, l’interrogation spécifique sur la place des campus urbains intégrés – déjà rare dans la littérature scientifique (Mattei, M.-F. et Aust, J. (dir.) 2015 ; Dang Vu H., 2013) – n’est pas, jusqu’à présent, questionnée sous l’angle de la capacité des démarches créatives à être parties prenantes des transformations urbaines en permettant l’invention, par les dispositifs déployés, de nouvelles formes de coopération dans les espaces considérés.
S’appuyant sur les acquis de la littérature existante, et sur la connaissance que les chercheurs-membres du projet ont des interventions dans l’espace urbain (Levesque, 2013), de la mise en récit d’expériences (Uhl, 2015), des ateliers d’idéation (Abrassart 2013), des activités de médiation et de mobilisation citoyenne (Racine et al., 2012 ; Lamoureux, 2008 ; Gaudet, 2012 ; Goulet-Langlois, 2015), comme du terrain montréalais (Harel, 2013) ; nous avons donc posé la question de savoir comment mobiliser les démarches créatives des arts, du design et les outils de la médiation culturelle comme des leviers vers un devenir commun, vecteur d’inclusion sociale.
Ces démarches, sont en effet conçues ici comme des méthodes de connaissance et d’action permettant d’identifier et d’explorer des formes de relations possibles entre le campus et son environnement immédiat, notamment en raison de leur potentiel à favoriser, par le prisme de la réflexion citoyenne, l’appropriation, par les acteurs locaux, des transformations urbaines.